Vautrait du Craonnais

(1908 - 1914)

Maître(s) d'équipage Alain de Champagné (1908 - 1914)
TerritoiresForêt d'Ecouves, Forêt de Pail, Forêt de Perseigne, Forêt de Paimpont
Devise(s)Ecoute aux Craonnais.
Fanfare(s)La Champagné
Historique

Fondé par Alain de Champagné, cet équipage eut une brève existence ; mais il fut un beau vautrait, sérieusement tenu. De fait, il est la suite du Vautrait Valanglart et du Vautrait d’Eawy : vers 1909, M. de Champagné acheta la meute de M. Hubert Michel, fondateur du Vautrait d’Eawy, dont les chiens provenaient de l’Equipage Valanglart. Plus tôt, en 1880, Max Valanglart, louvetier en Seine-Maritime, avait mis les chiens de l’équipage familial dans la voie du sanglier. Vers 1899, sans héritier cynégétique, Max confia donc son équipage à un cousin de son épouse, Hubert Michel. La meute reconstituée sera composée de bâtards poitevins et de chiens anglais. Vers 1908, M. Michel démonte. Il donne tous les chiens à M. de Champagné qui chassera en forêts d’Ecouves, de Perseigne, de Paimpont, de Mayenne, etc.

 

Tiré de l'ouvrage Deux Siècles de Vènerie à travers la France - H. Tremblot de la Croix et B. Tollu (1988)

 

Ainsi, à partir de 1909, des chiens qui avaient chassé en Crécy, puis en forêts d’Eawy et d’Eu, sillonnaient les landes de Bretagne sous les couleurs du Vautrait du Craonnais. Le chenil se trouvait sur le domaine mayennais du très élégant château de Craon, propriété acquise par les Champagné en 1828. La tenue choisie par le marquis fut le rouge, parements noirs, galons de vènerie. Le bouton portait la devise « Ecoute aux Craonnais ». Les bâtards tricolores et les anglais pur sang de l’équipage étaient servis pour trois piqueurs – dont La Verdure et La Branche – et deux valets de chiens. A la naissance du vautrait, Jacques de Largentaye, beau-frère du maître d’équipage, fut associé pendant un an. Ce veneur, originaire des Côtes d’Armor, propriétaire du Vautrait de Craffault, chassant avec des bâtards vendéens, pouvait faire valoir son expérience dans le courre du sanglier auprès de son parent.

 

Dans ses précieux Souvenirs, Alain de Pluvié, ami de M. de Champagné et auteur de Un Siècle de Vènerie dans l'Ouest de la France, explique que la mise en route de l’équipage fut difficile. Pour mettre les chiens en curée, on dut se résoudre à raccourcir les animaux pour faciliter la tâche de la meute. Après une demi-saison, le Vautrait du Craonnais pu enfin chasser « en vènerie ». Jusqu’à la démonte, c’est d’ailleurs le maître qui servira les sangliers pris par les chiens dans toutes les règles de l’art.

 

L’un des meilleurs de l’équipage se nommait Képi. Les boutons se fiaient à lui sans arrière-pensée. C’était un chien discret, précautionneux, qui ne se faisait pas remarquer aux abois. Plutôt lent, il n’était donc pas particulièrement mordant mais sa ténacité et sa capacité à maintenir son animal l’avait rendu indispensable. Il pouvait chasser dans le change pendant des heures, par mauvaise voie et par tous les temps. Sa voix singulière, qui dominait celles des autres chiens, était facilement identifiable. Son frère Lampion était presque aussi bon que lui.

 

Le Vautrait du Craonnais - Illustration tirée de l'ouvrage La Vénerie française contemporaine (1914) - Le Goupy (Paris)

Le Vautrait du Craonnais par Karl Reille - Illustration tirée de l'ouvrage La Vénerie française contemporaine (1914) - Le Goupy (Paris)

 

L’une des dernières sorties du vautrait avant l’annonce de la guerre eut lieu en avril 1914, en l’absence du maître d’équipage retenu par un rendez-vous avec son banquier... M. de Champagné devait mourir quatre ans plus tard. Sa veuve, Hélène de Langle, épousera en secondes noces Fortuné d’Andigné, issu lui aussi d’une fort célèbre famille de veneurs.

 

(Gaspar Soulat - Texte tiré du supplément au numéro 218 de la revue Vènerie)

Race(s) de chiens Bâtard Poitevin
Anglais
Chenil Château de Craon 53400 Craon (1908 - 1914)
Sanglier