Rallye Fontainebleau

En 1936, après la mise bas de l’Equipage Lebaudy, des veneurs de Fontainebleau et de ses environs - navrés de voir la chasse à courre disparaître de cette belle forêt, dont les animaux commençaient à être décimés par des braconniers - ont monté une société « Les Sentiers d’Avon » (première association de chasseurs créée à Fontainebleau) qui loue la forêt pour neuf ans, ainsi que celle de Villefermoy. Elle chasse le cerf et le sanglier en faisant venir des équipages invités et ne dispose pas en propre de chiens de vènerie. La tenue de l’équipage comprend une redingote gris foncé, un gilet jaune, une culotte blanche, des bottes à revers, un chapeau haute-forme. Le bouton en argent estampé représente un pied de cerf tressé avec banderole et la devise « Les sentiers d’Avon ». Les équipages invités portent leur propre tenue. Le Rallye Nomade, le plus assidu, dont le maître d’équipage est Pierre Vernes, porte une tenue bleue avec gilet et parements bleu clair, culotte bleue, galons sur le gilet, le bouton représente une hure de sanglier et une tête de cerf dans un ceinturon et la devise « Rallye Nomade », nom également de la fanfare de l’équipage.

Saint Hubert à Barbizon en 2022 - Rallye Fontainebleau - Don de M. P. Poret à la Société de Vènerie

En 1945, la Société commence à repeupler.  Plusieurs équipages se succèdent chaque saison pour découpler sur la voie du cerf en Fontainebleau : le Rallye Nomade, l'Equipage de Touffou (M. Enguerrand de Vergie), l'Equipage Vouzeron-Sologne (comte de Souzy, Prince d'Arenberg...). Des vautraits (François Rayer, Georges Robert) viennent y découpler également. Puis, en 1958, la location du droit de chasse est reprise par André Puifferat et l’Equipage de la Chapt pour chasser le cerf avec 70 anglo-saintongeais. La tenue de l’équipage est rouge avec col et parements gris clair et culotte gris foncé. Le bouton porte la devise de l’équipage « Courre sans peur ». Le Rallye Vielsalm (M. Janssen) vient y chasser le chevreuil.

Le Rallye Franchard avec Luc Chaumat comme maître d'équipage (et Danièle Chaumat, son épouse, lorsqu’il est empêché) est créé en 1963 et y chasse le cerf jusqu'en 1977, avec Édouard Fougea comme président de l’association « Rallye Franchard » à partir de 1968. Il chasse avec 80 chiens anglo-français, Guy Rainfray étant piqueur. Le chenil est à la maison forestière de la Garenne de Gros-Bois. La tenue est vert forestier avec parements et gilet gris clair, galonné. Le bouton porte une tête de cerf dans un ceinturon avec la devise de l’équipage : « Tiens bon ». La fanfare de l’équipage est la Chaumat. Alors qu'au début des années 1960, plus de 30 cerfs étaient pris chaque saison, les populations ont chuté massivement ensuite, au point que, au début des années 1970, la chasse à tir était limitée à la régulation du sanglier avec des tableaux médiocres et que seul le courre du cerf était autorisé pour un nombre de prises limité et des buissons creux assez fréquents. En 1977, le maître d’équipage renonçait à poursuivre la chasse.

Heureusement une nouvelle équipe de jeunes était prête à relever le défi, tant parmi les veneurs qu'à l'Office National des Forêts. Avec le soutien d’Édouard Fougea et des anciens boutons les plus téméraires, naissait en 1978 le Rallye Fontainebleau, succédant au Rallye Franchard pour découpler dans la voie du cerf. Michel Fougea en prenait la présidence, Pierre Rayer devenant maître d'équipage et Guy Rainfray conservant la fonction de piqueur, le chenil étant toujours situé à la maison forestière de la Garenne de Gros-Bois. Guy Rainfray qui sera piqueur à Fontainebleau, sans interruption pendant 37 ans de 1968 à 2005, prendra une retraite bien méritée, après avoir pris avec le Rallye Franchard, puis le Rallye Fontainebleau, 902 cerfs, dans des conditions souvent difficiles.

A la fin des années 1970, les populations de cerfs avaient beaucoup diminué sous l’effet du dérangement lié à une très forte fréquentation de la forêt par le public, alors que de nombreuses allées forestières restaient ouvertes la circulation automobile et que le braconnage persistait.

L’équipage a été autorisé par l’ONF, au début des années 1980, à procéder à ses frais à des repeuplements. Une quinzaine de cerfs et biches capturés après panneautage dans la réserve nationale de faune sauvage de Chambord ont été ainsi relâchés en forêt de Fontainebleau, permettant de renouveler le sang et de mettre un terme à la consanguinité. La création de zones de silence et la fermeture des 800 km d’allées forestières ont permis aux cervidés de retrouver la tranquillité nécessaire au brame, à la reproduction et à la survie des jeunes. Les populations se sont alors développées de manière spectaculaire pour atteindre aujourd’hui de l’ordre de 600 à 700 cerfs et biches, dont plus de 200 sont prélevés chaque année afin de réguler les populations et de les maintenir à un niveau compatible avec le régénération des peuplements forestiers.

Le Rallye Fontainebleau a pris un nouveau départ, marqué par le rajeunissement et le renouvellement de ses membres, avec l'arrivée d'un jeune maître d'équipage, Charles Fougea, prenant le relais au printemps 2006 de Pierre Rayer qui s'est retiré après 28 ans d'efforts pour que se maintienne la vènerie du cerf à Fontainebleau, alors que cela paraissait impossible à certains en 1977. Philippe Dupuy a été élu président au printemps 2006, en remplacement d’Hubert Ghigonis, puis Christophe Posty en 2011, et Charles Fougea en 2015. Guy Rainfray a été remplacé par Fanfare en 2005, puis Piqu’Hardi en 2006, La Bruyère en 2009, enfin Hourvari en 2012, comme piqueur. En janvier 2016, Yves Moritz devient Président. Claire Fougea a repris le fouet, comme maître d’équipage, depuis janvier 2018. Au printemps 2019, Hourvari a quitté l’équipage et a été remplacé comme piqueux par Vol-au-Vent.

Après le retrait d’Yves Moritz au printemps 2022, c’est Pierre Poret qui a été élu Président de l’association de Vènerie de Fontainebleau. A l’automne 2022, après le départ de Vol-au-Vent, c’est La Fougère qui a pris les fonctions de piqueux. Sous l’autorité de Claire Fougea, maître d’équipage, deux masters ont été désignés : Vincent Huré et Matthieu Payet-Godel.

Le 27 octobre 2018, la Saint-Hubert du Rallye Fontainebleau a été l’occasion de fêter les 40 ans de l’équipage. Après une messe célébrée au cœur de la forêt, à l’ermitage de Franchard, par le curé de Fontainebleau, au son des trompes du groupe de sonneurs « Les échos de Franchard », et un laisser-courre dans les cantons de la Touche aux mulets et le rocher de Milly, un grand dîner a rassemblé l’équipage et ses nombreux soutiens locaux dans la prestigieuse galerie des Cerfs du château de Fontainebleau, témoin des chasses royales depuis que le roi Henri IV la fit construire entre 1600 et 1603.

Don d'Arnaud Fréminet à la Société de Vènerie

La meute est composée d'Anglo-français tricolores et de Poitevins. Une équipe dévouée, largement renouvelée en 2022, fait le bois et aide au bon déroulement des chasses. Le plan de chasse est d'une quinzaine de cerfs pour 30 jours de chasse, principalement le samedi, l'équipage découplant le mercredi en forêt d'Orléans en début et en fin de saison ou sur invitation dans d’autres forêts. La tenue du rallye Fontainebleau est composée d'une redingote verte à parements tabac, d'un gilet ventre de biche avec galon de vènerie, d'une culotte de velours verte. Sa devise, que chaque veneur devrait adopter, est « Écoute et tais-toi ! », sa fanfare La Fontainebleau. Elle est appelée aussi La Darboulin, en souvenir du marchand de vin, portant ce nom, qui, sous Louis XV, apportait au rendez-vous le déjeuner et les vêtements de rechange pour les hommes de la Vènerie, dans une voiture à cheval, appelée depuis « la Darboulin » et utilisée jusqu’au milieu du XXe siècle dans de nombreux équipages (...).

Fontainebleau maintient depuis prés de mille ans la pratique de la vènerie, autrefois plaisir de roi, aujourd'hui plaisir de tous ceux, veneurs, cavaliers, suiveurs ou amis qui aiment à se retrouver dans cette magnifique forêt, pour des laisser-courre inoubliables. Chacun prend plaisir à suivre et à appuyer le travail des chiens, à comprendre les ruses de l'animal de chasse, à suivre des parcours connus ou inconnus, à se perdre et à se retrouver, à raconter et à commenter les péripéties de la chasse, autour de mémorables pique-niques. Et les récris des chiens, les sonneries des trompes égaient la forêt d'une musique à nulle autre pareille !