Equipage Boischaut Crie Haut

(1888 - 1956)

Maître(s) d'équipage Mlle Solange de Longuerue (1946 - 1956)
M. Ernest Simons (1888 - 1946)
TerritoiresForêt de Châteauroux, Forêt de Chœurs-Bommiers
Devise(s)Boischaut Crie Haut.
Fanfare(s)La Simons, La Solange
Historique

Le fondateur de l’Équipage Boischaut Crie Haut, Ernest Simons, était le fils d’Alexandre Simons, chasseur à courre fameux qui exerça son art sous le Second Empire. Alexandre était lui-même fils d’industriel : son père, grand-père d’Ernest donc, était administrateur auprès de l’Établissement général des Messageries (société de transport incontournable au XIXème siècle). En 1851, assis sur une fortune notable, les Simons avaient fait l’acquisition du château du Magnet et de son domaine, soit 4 000 hectares au sud-est de la forêt de Châteauroux. En 1855, Alexandre Simons y monta un équipage de lièvre. Par la suite, il obtint de chasser le cerf à Chantilly entre 1865 et 1870. Chose curieuse, en début de saison, Alexandre entraînait ses anglo-poitevins au Magnet, dans la voie du chevreuil. La meute ainsi mise en condition courait ensuite le cerf dans l’Oise avec une réussite enviable.

 

En 1888, Ernest Simons montait l’Équipage Boischaut Crie Haut. Il le destina immédiatement à la chasse du chevreuil. Il se procura quelques chiens auprès de meutes célèbres : des saintongeois venus du chenil de Georges de Lestrade ou quelques bâtards poitevins issus des élevages de Louis de Montsaulnin et de Raymond Dupuytren. Les débuts furent laborieux. L’équipage chassait beaucoup en déplacement et prenait peu. Quand les premiers croisements entre les chiens initiaux portèrent leurs fruits et lorsque M. Simons pu découpler toute la saison à Châteauroux, l’Équipage Boischaut Crie Haut atteignit son rythme de croisière.

 

Tiré de l'ouvrage Deux Siècles de Vènerie à travers la France - H. Tremblot de la Croix et B. Tollu (1988)

 

Ernest Simons était un veneur passionné : à la chasse, il dirigeait les opérations. En juin 1930, dans l’hebdomadaire L’Éleveur, Gaston Hublot du Rivault, autre maître d’équipage spécialiste de la vènerie du chevreuil, écrivit au sujet de son coreligionnaire : « [À l’Équipage Boischaut Crie Haut], c’est toujours le maître qui est le maître et dirige lui-même son équipage, seul, en véritable homme de chasse. » Ainsi, dès 1895, M. Simons ne chassa plus qu’avec un unique piqueur. Cela n’empêchait pas l’équipage de sortir fréquemment avec quarante chiens. Ernest Simons aimait les meutes pléthoriques et les cavaliers discrets. L’omniprésence du maître auprès des chiens rendit ces derniers légèrement dépendants : les bâtards saintongeois étaient très sages dans le change mais ils revenaient volontiers au cheval de leur propriétaire réclamer son aide dans les grands défauts.

 

Vers 1905, l’équipage connut de nouvelles difficultés. Les chiens devinrent mous. Ils perdirent leur allant. Ernest Simons commença à faire entrer dans son chenil quelques anglais qui redonnèrent du train à la meute. On poursuivit l’opération chaque saison. À la veille de la Première Guerre mondiale, le chenil du Boischaut Crie Haut comptait environ un tiers de chiens anglais. Après le conflit, l’équipage fut remonté dans la voie du sanglier avec La Brisée pour piqueur et 90 saintongeois et anglais purs. En 1925, M. Simons acheta l'équipage Lesseps (qu'il prêta à Honoré Guyot). La voie du chevreuil fut retrouvée avec succès en 1929. Les chiens était alors servis par Jolibois. Ernest Simons conservera des chiens de sanglier jusqu'en 1934.

 

En 1940, M. Simons donna ses chiens à Solange de Longuerue, fille de boutons fidèles de l’équipage. De 1946 à 1949, elle découpla avec l’Équipage de Valençay puis avec l’Équipage de Chandaire, à Mme de Fougères, jusqu’en 1956. La fusion des équipages de Chandaire et Boischaut Crie Haut engendra la naissance de l’Équipage Boischaut Bas Berry, dirigé par Mlle de Longuerue jusqu’en 1966. On y chassera le chevreuil jusqu’en 1986.

 

Au Magnet - Tiré de l'ouvrage Deux Siècles de Vènerie à travers la France - H. Tremblot de la Croix et B. Tollu (1988)

 

Le château du Magnet, théâtre de la création de l’Équipage Boischaut Crie Haut – et qui fut évoqué par George Sand dans La Mare au diable –, fut vendu par Ernest Simons en 1946. Dès lors, il connut bien des tumultes : il devint un monastère dans les années 60, fut occupé par un étrange mouvement spirituel New Age vers 1990 puis acheté et habité pendant quelque temps par un gagnant du loto !

 

(Gaspar Soulat - Texte tiré du supplément au numéro 226 de la revue Vènerie)

Race(s) de chiens Bâtard Poitevin
Anglais
Saintongeois
Chenils Château de Montaboulin 36000 Châteauroux (1888 - 1899)
Château de Magnet 36230 Mers-sur-Indre (1899 - 1947)
Château de Chandaire 36330 Arthon (1947 - 1952)
Château de Valençay 36600 Valençay (1947 - 1952)
Rezay 36120 Mâron (1952 - 1956)
ChevreuilCerfSanglier