Equipage du Duc de Westminster

(1909 - 1939)

Maître(s) d'équipage Duc de Westminster (1909 - 1939)
TerritoiresForêt d'Eawy, Forêt d'Eu, Forêt de Lyons, Forêt de Roumare, Massif landais
Devise(s)Rallye de Mimizan.
Historique

Disons-le sans ambage : Hugh Richard Arthur Grosvenor, 2ème duc de Westminster, n’était certainement pas un très grand veneur. On dit que, souvent en voyage, il profitait peu de son bel équipage. Celui-ci fut cependant monté sur un très grand pied.

 

On sait le lien important entre le Sud-ouest et les chasseurs à courre anglais. Ces derniers découvrent le Béarn au début du XIXème siècle et y fondent le Pau Hunt en 1840. Au Pays basque voisin, la ville de Biarritz financera ensuite le Biarritz Bayonne Hunt, monté en 1874. Ces équipages chassent à l’anglaise, leurs boutons portent veste rouge et culotte blanche. On y privilégie l’équitation, on n’y porte pas de trompe et toutes les traditions du foxhunting y sont scrupuleusement respectées. Bien entendu, les meutes sont composées de chiens anglais, créancés sur le renard.

 

Quelques années avant la Grande Guerre, un ami du duc de Westminster, Lord Rawlinson importa son équipage un peu plus au nord de ce terreau fertile. Il avait le désir de mesurer ses Foxhounds aux sangliers landais. L’expérience fut mitigée puisqu’il ne parvint pas à attaquer. Il céda ses chiens au Rallye Gascogne, qui à cette époque chassait le sanglier et dont le chenil se trouvait à Lacanau. Cependant, c’est sur les conseils du lord que le duc de Westminster installa son vautrait à Mimizan vers 1910. Les moyens dont il disposait pour chasser le wild boar (que l’on peut traduire par « verrat sauvage » mais qui n’est autre que notre sanglier) étaient conséquents.

 

Le Vautrait de Mimizan - Illustration tirée de l'ouvrage La Vénerie française contemporaine (1914) - Le Goupy (Paris)

Le Vautrait de Mimizan - Illustration tirée de l'ouvrage La Vénerie française contemporaine (1914) - Le Goupy (Paris)

 

Au chenil et à la chasse, les 150 Foxhounds du duc sont servis par trois whips (« porteurs de fouet ») et un piqueur français, M. Dufourg, dit Marcassin. Ce dernier est le seul à sonner de la trompe tandis que le personnel anglais se cantonne à la pibole. Tous portent un bouton sur lequel figure la couronne ducale de Hugh Grosvenor. Les membres de l’équipage, eux, portent un bouton à sanglier tandis que celui du duc comporte uniquement deux lettres, « MH », pour Master of Hounds. Bien-sûr, la tenue de tous est rouge à l’anglaise, bottes à revers. Le duc de Westminster réside dans l’étonnante demeure de Woolsack, sur la commune de Mimizan. C’est ici que l’on se retrouve avant la chasse. Aujourd’hui classée au patrimoine, cette bâtisse, offerte au duc par la couronne britannique en 1911, est l’exacte réplique du château sud-africain du même nom, résidence d’été de Rudyard Kipling, auteur fameux du Livre de la Jungle...

 

Avec une réussite peu enviable, l’équipage chasse dans les Landes de Gascogne puis en Charente jusqu’à sa mise en sommeil en 1914. En 1919, le vautrait s’installe en Normandie – habitat plus commode pour des ressortissants britanniques – au château de Saint-Saens (aujourd’hui devenu hôtel au coeur d’un golf de luxe). Le vautrait chasse en Seine-Maritime : forêts d’Eu, d’Eawy, de Lyons, de Roumare. On lui connaît des déplacement dans l’Yonne, dans la Nièvre. En 1933, le vautrait du duc séjourne dans le Berry. Il y chasse en forêt d’Allogny, dans le Cher. Parmi les cavaliers, se trouvent Winston Churchill, son épouse et leur jeune fils. Alors que tous trois chevauchent de front dans une petite allée, un bouton parisien de l’équipage les salue en ces termes : « Voici la grâce entre la célébrité et l’avenir ! »

 

La meute du Vautrait de Mimizan - © Collection Claude Alphonse Leduc - Château de Montpoupon

 

Soulignons ici que, lors des laisser-courre du vautrait, la chose cynégétique était souvent éclipsée par la présence régulière d’invités à l’indéniable prestige. On y retrouve Churchill donc, mais aussi Coco Chanel, amie très intime du duc de Westminster depuis 1923, ou encore Charlie Chaplin (qui racontera avoir dû suivre une chasse vêtu d’une redingote prêtée par le maître d’équipage et bien trop grande pour lui). Hugh Grosvenor savait s’entourer. Une trentaine de personnes suivaient ses déplacements : intendants, maîtres d’hôtel, chauffeurs, femmes de chambre, cuisinières, personnel de l’équipage, etc. En 1936, il recrute un valet de limier de luxe : Pierre Trotignon, dit Piqu’Avant, le fidèle piqueur d’André Bertin. Avec l’accord de M. Bertin, Piqu’Avant accepta d’entrer au service du duc. Il donnera, dit-on, d’exceptionnelles brisées de sanglier jusqu’à la démonte de l’équipage, précipitée par la Seconde Guerre mondiale.

 

(Gaspar Soulat - Texte tiré du supplément au numéro 218 de la revue Vènerie)

 

Autres noms usuels : Vautrait de Mimizan, Rallye Mimizan, Rallye de Mimizan, Vautrait du Duc de Westminster.

Race(s) de chiens Fox Hound
Chenils 40200 Mimizan (1909 - 1920)
Château de Saint-Saëns 76680 Saint-Saëns (1920 - 1939)
Sanglier